Atelier ecriture 05/05/12

Publié le par mi-ladydi

Le miroir n'a plus d'âge, dressé comme un totem dans la petite entrée sombre. A coté du porte manteau hyer encombré, blouses, bleu de travail, chapeau, des croisements d'odeur, pétrole, jardin, boue et eau de toilette. L'angle droit supérieur est cassé, le déménagement entre suresnes et la touraine. Quelque soit la destination finale, il est finalement dressé dans l'entrée. Habillé de sautoirs, d'élastiques, de fils tordus, colorés, de photos noir et blanc. L'oncle Charles à 6 ans puis à 12 ans, ensuite il disparaît, remplacé par la grand mère Marie Odette, elle est laide. Elle gâchait tous les repas du dimanche avec ses histoires sordides, elle critiquait exagérément la cuisson de la poularde de grand maman Adèle, et la blancheur des soquettes des petites et même les pivoines plantées dans l'allée du jardin.

 

 

 

Elle sort des urgences à 5:43, le jour est presque là, elle a certainement garé la voiture dans l'une des rues, elle l'oublie et commande un taxi. Mécaniquement elle se douche, se brosse les dents, enfile son jean. Puis elle griffonne rapidement sur le dos d'une facture "titmam, peux-tu t'occuper de zigzag, bisous, ta croquette " Elle s'oblige à organiser son départ sans penser à l'arrêt de travail qu'elle ne postera pas, sans réfléchir tout ce qu'elle laisse. Elle s'efforce de bloquer les émotions, les tentatives d'échange entre les objets et son corps déchiré. Elle résiste aux manifestations physiques, biologiques quand son regard balaye le lit défait et tâché, l'étagère tordue ......Elle ne pense pas, elle contrôle la situation et ferme la porte d'un clac décidé. Elle rejoint le RER, elle imagine Emilie qu'elle retrouvera bientôt au bout du voyage. L'attente semble éternelle, enfin les portes se referment. Elle est en apnée, le visage enfouie dans son sac, elle ne souhaite ni dormir ni rester éveillée. Elle attend et se concentre sur l'alarme de fermeture des portes, 27 jusqu'au T2 de CDG. Elle est déjà dans l'aérogare vide, elle ira au relay H prendre un livre, non elle se ravise elle ira manger des frites. Elle devra se rendre aussi à la pharmacie si elle n'a pas oublié l'ordonnance. Elle fixe un point sur la banquette vide, rayures fines noires, moleskine bleu océan, ancrer son attention est compliqué. Elle se met à analyser les résidus, les poussières, les saletés laissées là en attente de la prochaine opération de maintenance. Elle se sent vidée et si forte !

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